Portrait du mois d'octobre - Célia KAHOUADJI
Dans le cadre du portrait du mois d'Octobre de sa newsletter « Mag'OSINT », le club OSINT & Veille donne la parole à des experts de l'Intelligence économique afin de découvrir leur parcours, leur rapport au renseignement d'origine sources ouvertes (OSINT), leur vision du métier et leur avenir professionnel.
Pour évoquer ces sujets, nous avons rencontré Célia KAHOUADJI, Analyste sûreté et intelligence économique et Directeur adjoint des Ressources Internes chez ALTAREA COGEDIM.
Club OSINT et Veille (COV) : Bonjour Célia, pouvez-vous vous présenter et raconter votre parcours à nos lecteurs ?
Célia KAHOUADJI (CK) : Je suis directrice adjointe des ressources internes en charge de la sûreté et de la sécurité globalement. J’ai en charge la sûreté du siège, mais également l’ensemble du périmètre lié à la Business Intelligence. Suite à un Master 2 Intelligence Stratégique et Risques internationaux, Relation et affaires internationales à l’Université Lyon 3, j’ai intégré l’Ecole de Guerre Economique avec le parcours Risques, Sûreté Internationale et Cybersécurité.
Je travaille pour le Groupe ALTAREA, qui est à la fois un promoteur immobilier et une foncière. Je suis entrée dans le groupe il y a déjà quatre années, et j’ai pu suivre l’évolution de la culture du risque au sein de l’entreprise.
Depuis 2021, je suis à cheval entre la Direction Sûreté et les Services généraux, afin de lier le management des risques et l’exploitation du bâtiment.
COV : Qu’est-ce qui vous a attiré vers le monde de l’OSINT ?
CK : Ce qui m’a intéressée dans le monde de l’OSINT, c’est essentiellement la partie investigation et recherche. Je suis quelqu'un qui aime beaucoup centraliser l'information et l’OSINT représentait l’opportunité de la récupérer, de la rendre plus stratégique et de lui donner une vraie plus-value pour les directions, notamment pour le top management.
J'ai vraiment découvert l’OSINT lors de mon master 2 à Lyon III où on avait des cours sur la recherche en sources ouvertes. C’est à partir de cette année-là qu’on a commencé à comprendre l'essence même de l'intelligence économique. Petit à petit j'ai eu la chance de mettre en pratique ce j’ai appris au sein d’Altarea et avec le temps on a pu monter une vraie business unit. Aujourd'hui on gère vraiment toute la partie investigation et intelligence économique via l’OSINT.
COV : Pensez-vous que les compétences en OSINT vont être de plus en plus demandées dans le monde de l'immobilier ?
CK : Dans le monde de l'immobilier oui, mais je dirais plutôt dans les directions ou même dans les entreprises en général. L’OSINT commence à prendre un peu plus d'ampleur et à être connu du grand public. Je pense que c'est vraiment quelque chose qu'il faudrait inculquer à tous les collaborateurs, pas forcément avec une vision sûreté, mais plutôt en lien avec le développement économique.
Pour la partie liée à l’immobilier, il pourrait être très intéressant de développer ce genre d’outils à destination des responsables de développement ou des personnes qui sont à la recherche du foncier puisque l’OSINT c'est être en capacité d'avoir et de recueillir l'information en premier, de savoir l'analyser et de savoir l’exploiter. Si on explique à chaque collaborateur comment aller chercher l'information sur des fonciers, sur les propriétaires, sur qui vend à quelle heure, comment et pourquoi et d'être en capacité d'avoir cette information avant tout le monde ; cela a une vraie plus-value sur le secteur de l’immobilier. Je ne sais pas si demain cette compétence sera vraiment déployée, mais c’est en tout cas ce que je suggérerais.
COV : Pouvez-vous nous donner un conseil pour faire de l’OSINT dans le monde de l’immobilier ?
CK : Tout d’abord, se former, c'est la première des choses. On peut se former facilement avec les opérateurs booléens, avec la création de flux RSS et la sélection d’une bonne plateforme pour les agréger. C’est une première base qui permet de centraliser de l'information. Au sein du groupe on a la volonté de mettre en place des modules de formation à destination des métiers, avec le but de créer une compétence nouvelle et d'avoir vraiment un accès à la recherche de l'information sur une partie digitale. Bien que le terrain soit très important, on peut aussi optimiser ce temps de travail derrière un ordinateur en ayant les bonnes requêtes et en sachant où chercher. D’un point de vue opérationnel, lL’OSINT d’un point de vue opérationnel permet de mieux connaître l’environnement où l’on développe nos programmes, que ça soit sur le PLU (plan local d’urbanisme) ou encore sur les prix de vente des différents biens. C’est aussi une opportunité d’être alerté sur la mise en vente de biens suûr les différentes plateformes dédiées. En bref, l’OSINT peut servir à différents usages et corps de métier dans le groupe.
COV : Quand vous effectuez une due diligence sur une société, quelle est la principale barrière à laquelle vous êtes confrontée ?
CK : Le plus difficile est déjà de cadrer ce que l'on souhaite. On nous donne souvent un nom, parfois une société : il va falloir éviter les homonymes et trouver vraiment la personne physique ou morale que l’on recherche. Il s'agit de bien définir l'expression des besoins. Cela fait, le plus compliqué est peut-être de remonter aux vrais bénéficiaires effectifs et de savoir qui est derrière un certain nombre d’entre eux… Chose parfois difficile quand il y a de nombreuses sociétés qui s'imbriquent avec des holdings et des sociétés étrangères. Je dirais que le plus grand défi est de casser toutes ces cascades pour trouver la vraie personne qui dirige.
COV : Est-ce que vous avez une œuvre littéraire ou cinématographique à conseiller à nos lecteurs ?
CK : J'ai une œuvre que l’on m'avait conseillée à l’EGE qui est extraordinaire et qui est à lire. Ce n’est pas de l’OSINT mais c’est lié à l'influence et l'information. Le livre s’intitule : « Les gourous de la com' : Trente ans de manipulation politique et économique » (Livre d'Aurore Gorius et Michaël Moreau).
Propos recueillis par Rayane ROSTOM pour le Club OSINT & Veille.
Vous pouvez retrouver Célia KAHOUADJI sur LinkedIn.
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